L’ « appel au peuple » du 25 octobre à la DRGP Paris Nord

jeudi 24 novembre 2005
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Le 25 octobre dernier, le Directeur Commercial de la DRGP Nord adressait un e-mail à tous ses DGP, sous le titre « Appel au peuple, urgent ». Une pratique qui pourrait s’étendre rapidement à toute l’Ile-de-France...

La légèreté avec laquelle La Poste joue avec les mots fait peur, quand on sait que derrière cet humour à trois balles se cache une dégradation en cascade des conditions de travail des postiers.

Cet « appel au peuple » sollicitait en réalité des guichetiers et des chefs d’établissement (!) volontaires pour tester une opération coup de poing à Paris gare du Nord du 4 au 8 novembre, sous le prétexte « d’amélioration de l’accueil » en période de prestations sociales.
La première question qui nous vient naà¯vement à l’esprit à la lecture de cette piètre littérature, c’est : à quoi sert la brigade ? Mais à y regarder de plus près, on s’aperçoit que les agents recherchés doivent remplir trois conditions : être motivés, profilés ( !?), et disponibles. Les agents de la Brigade apprécieront...

La Poste, qui a quand même quelques doutes sur la spontanéité du personnel à répondre à des sollicitations aussi insidieuses, surtout dans un contexte de suppressions d’emplois et de misère sociale, se dit prête à sortir de son porte-monnaie des RC, la prise en charge du repas de midi et... toute sa considération ! Misérables cadeaux auxquels les postiers ne sont pourtant plus habitués, la considération surtout. Alors que cache ce mystérieux e mail ? Eh bien vous l’aurez compris, un « appel au peuple profilé commercial », seul domaine où la Poste accepte encore de racler ses fonds de poche ! Et puis le directeur commercial fait un terrible aveu : la direction a du personnel en surnombre, mais il n’a pas le profil...

Surnombre à la direction, sous-effectifs dans les bureaux, ce sont pourtant ces derniers - déjà étouffés par les suppressions d’emplois - que La Poste a décidé de dépouiller. Le personnel de la gare du Nord a apprécié le renfort de quelques postiers venus d’ailleurs. Satisfaction bien légitime que nous ne pouvons que comprendre dans ce bureau difficile. Mais le but est tout autre qu’une amélioration des conditions de travail des agents de ce bureau ou de l’accueil client. La vérité est purement commerciale (Postépargne, Adispo, prises de rendez-vous).

Il y bien longtemps que les postiers ont intégré la démarche commerciale, pas toujours par choix d’ailleurs. Alors pourquoi essayer de les leurrer en se cachant derrière des mots (qui plus est péjoratifs et bien mal à propos en cette période) ?
Il y a tout lieu de s’inquiéter de cette fourberie de nos dirigeants. Mais pire encore, cette opération-test fait peur. Qui dit « test » suppose perspective de généralisation. Les postiers de demain seront-ils les super-rouleurs qui paieront de leur personne les coupes sombres d’aujourd’hui dans les effectifs ? Il faut le craindre...

La Poste n’a plus d’état d’âme. Agent, cadre ou cadre sup, on n’échappe plus à la logique de productivité. Aujourd’hui on est là , demain est un autre jour.