Stagiaires en entreprise : une action syndicale nécessaire

lundi 12 juin 2006
par  Christophe Dague
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Dans le droit fil de la diffusion de la précarité, la pratique de stages à répétition est une façon de disposer à bon compte d’une main d’oeuvre disponible et parfois hautement qualifiée. La généralisation des stages d’application dans les cursus de formation est cependant souhaitable. Ces questions intéressent les syndicats d’étudiants ou leurs associations - Génération Précaire a d’ailleurs largement contribué à la mise en lumière de ces problématiques - mais également les organisations syndicales car elles touchent à la fois la formation professionnelle et l’emploi. Pourtant la question des stagiaires est trop souvent occultée des enjeux du dialogue social.

Première étape

Bilan des pratiques dans l’entreprise

Des équipes CFDT dans les secteurs de l’édition et l’audiovisuel ont cherché à rendre compte des pratiques de leur entreprise en matière de stage. Ainsi, Larousse et Univers Poche ont effectué un bilan par service sur le nombre, la durée et la rémunération des stages, par rapport au nombre de salariés, en CDD, CDI, ou contrats de professionnalisation. Les résultats ont été soulevés au CE et les DP ont demandé la réception d’un email d’annonce à chaque nouvelle arrivée de stagiaire. Hachette Livre a quant à elle adressé un questionnaire à tous ses stagiaires renseignant sur leur âge et formation, le descriptif du stage, l’encadrement et les conditions de travail. Les résultats sont alarmants : conventions de stage s’étalant de 6 mois à un an, des services comptant autant de stagiaires que de permanents, de nombreux stages acceptés par le stagiaire à défaut d’une offre décente de travail. Outre un effort sur la prise en charge des jeunes, les délégués d’Hachette veulent désormais faire apparaître les gisements de postes cachés par l’inflation de stagiaires. Enfin, notons l’initiative des associations de techniciens du cinéma et de l’audiovisuel, qui dans leur manifeste « pour une réelle transmission de [leurs] savoir-faire et un juste accès à [leurs] métiers", ont mis au grand jour la présence inflationniste des stagiaires et ses effets sur la profession, et fixé par conséquent les conditions pour l’établissement de conventions de stage.

La prise en charge syndicale passe par l’accueil et l’encadrement

La CFDT va se lancer dans une vaste campagne intitulée « Stages zéro défaut ». Les interventions sont à mener :

 dans les branches professionnelles pour agir sur les politiques de formation professionnelle

 dans les universités et organismes de formation, pour les engager via les conseils d’administration à mieux suivre l’évolution des stagiaires,

 dans l’entreprise, par un bilan sur la pratique de stages et ses conséquences sur l’emploi, par l’accueil et l’encadrement des stagiaires, et la distinction entre les vrais stages (inscrits dans le parcours de formation) et les faux stages, effectués à défaut de contrat de travail. Le cadre CFDT peut être aussi le tuteur efficace qui permettra la réussite d’un stage.