Et maintenant ?

mardi 15 mai 2007
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Nicolas Sarkozy, avec 53 % des suffrages exprimés, sera donc Président de la République française pour les cinq prochaines années. Si la CFDT, depuis 1981, se refuse à prendre partie pour les uns ou pour les autres dans les élections politiques, elle n’est ni neutre, ni partisane, et fonde ses positionnements non pas sur la couleur politique du gouvernement, mais sur ses actes.

Après avoir rencontré les principaux candidats de partis « de gouvernement » et républicains avant le premier tour sur les questions sociales, et notamment de conception du dialogue social, la CFDT pose clairement la question de la place de la négociation dans les évolutions.

C’est vrai au niveau interprofessionnel comme au niveau de chaque entreprise, dont La Poste. C’est l’objet de ce tract que de baliser notre terrain, car si nous ne pratiquons pas un syndicalisme « politicien », nous n’acceptons pas que la démocratie sociale soit sacrifiée sur l’autel de la légitimité politique acquise dans les urnes. L’élection présidentielle n’est pas un référendum sur telle ou telle mesure sociale. C’est heureux car le débat télévisé entre les deux candidats est loin de nous rassurer quant à leur maîtrise des sujets relatifs au temps de travail, aux contrats de travail et à la sécurisation des parcours professionnels, au financement de la protection sociale. Evidemment, nous aurions tenu le même discours si Ségolène Royal avait été élue.

Syndicats et partis politiques à chacun son rà´le, chacun à sa place !

La plupart des grands syndicats français sont républicains, et s’inscrivent dans la vie démocratique de la France, au quotidien. Il n’est pas question, pour la CFDT en tout cas, de remettre en cause par on ne sait quel 3ème tour social, la légitimité du suffrage universel.

L’objectif des partis politiques est d’accéder au pouvoir, pour mettre en oeuvre leur vision de la société. Une fois cet objectif atteint, le pouvoir en place est censé représenter l’intérêt général, ce qui le place en position d’arbitre des différents intérêts. Le constat est que bien souvent la couleur politique pèse lourd dans les arbitrages rendus.

D’où, pour les travailleurs, la nécessité de s’appuyer sur les contrepouvoirs naturels que sont les syndicats. L’objectif des syndicats est de défendre et représenter les salariés, chacun selon leur démarche. Il ne peut donc y avoir d’amalgames entre partis politiques et syndicats, à moins que ces derniers ne se transforment en courroie de transmission, portant l’idéologie d’un parti dans le domaine social. Malheureusement pour le syndicalisme, les tentations sont grandes, et les tentatives, réussies ou non, nombreuses. Dernière en date : la tentative de création de syndicats FN que partout la CFDT a réussi à empêcher sur le terrain juridique.

Le principal reproche fait aux syndicats est leur politisation. Or, le paradoxe est que les votes des salariés, notamment à La Poste, se portent très majoritairement vers les syndicats les plus politisés, ce qui complique fortement les convergences entre syndicats qui ne partagent pas la même conception du syndicalisme. Quant aux liens entre pouvoirs politiques et contrepouvoir syndical, à la CFDT, c’est très clair : nos statuts prévoient l’interdiction de cumuler des responsabilités politiques avec des responsabilités syndicales. Pas de mélanges de casquettes : c’est à ce prix que l’on peut réellement être indépendants.

La CFDT a l’électorat le plus recentré sur les grandes formations politiques. Les votes aux extrêmes de gauche et de droite sont aussi les plus faibles. Cela correspond à notre conception de la démocratie, en lien avec notre démarche syndicale qui fait appel à la responsabilité et au sens de l’intérêt général.
Ceux qui ont le vote le moins éclaté sont sans doute possible les patrons (MEDEF - CGPME), qui pensent qu’un candidat représente beaucoup plus leurs intérêts : Nicolas Sarkozy avec 96 % de voix dans cette catégorie.

La Poste et les postiers doivent garder le cap !

Les orientations stratégiques pour mettre La Poste en situation d’affronter les enjeux de demain ne doivent pas conduire le futur pouvoir à balayer d’un revers de main les contreparties sociales obtenues, de redéfinir les modes de gouvernance, de mettre à mal l’unité de La Poste et la notion de groupe intégré, ou d’opérer avec brutalité les évolutions.

Il n’est pas question, pour la CFDT, de s’orienter vers des choix du type poste allemande ou hollandaise . La poste française doit garder sa ligne sociale du temps complet et de l’emploi statutaire, tout comme elle doit faire valoir le nécessaire, et même vital dialogue social, axé sur une stratégie de gagnant-gagnant. C’est pourquoi notre syndicat CFDT Ile-de-France des postes et télécoms sera très vigilant quant à la conception du dialogue social, pour que véritablement la négociation et ses résultats soient au coeur des stratégies de changement de notre entreprise. Si on nous pousse vers une autre logique, beaucoup plus
conflictuelle, c’est sans hésiter que nous répondrons présents.

Mais à ce jeu-là , où on pourrait nous resservir immanquablement la légitimité politique issue des urnes, il n’est pas certain qu’il y ait un gagnant. Pour notre syndicat CFDT, il n’y a pas d’opposition entre les différentes légitimités, il y a complémentarité dès lors que les rà´les sont définis, et surtout reconnus ! Quand on stigmatise la représentativité
syndicale au travers du nombre d’adhérents (8 % des salariés), et non au travers des votes aux élections professionnelles, nous pourrions répondre que 900 000 adhérents CFDT c’est trois fois plus que l’UMP ou le PS !

Les domaines ne sont pas les mêmes, les rà´les non plus. Alors stop aux discours politiques stériles ! Car notre rà´le consiste essentiellement à négocier et obtenir des avancées sociales, à améliorer les conditions de travail, à oeuvrer pour de nouveaux droits, à défendre le pouvoir d’achat par une meilleure qualification et classification, par la négociation d’accords salariaux. C’est le sens de notre action au quotidien, c’est le sens de l’engagement de nos militants et adhérents, c’est le sens que nous poursuivrons aujourd’hui comme demain !


Documents joints

tract complet en pdf