TOUTES LES RAISONS DE FAIRE GREVE LE 23 SEPTEMBRE 2008 !

vendredi 12 septembre 2008
popularité : 8%

Que vous soyez pour, que vous soyez contre, que vous n’ayez pas d’avis, que vous soyez fonctionnaires, que vous soyez contractuels, que vous soyez jeune ou moins jeune, homme ou femme : le projet de La Poste et du Gouvernement aura un impact sur la situation économique du Groupe La Poste. Qui dit économique, dit conséquences en matière d’emploi, de conditions de travail, de rémunération, bref des conséquences sur le vécu quotidien au travail.

Un précédent : France Telecom SA

Les promesses de maintenir l’Etat actionnaire majoritaire n’ont pas été tenues par les différents gouvernements. Si des contreparties pour le
personnel, notamment fonctionnaire, à la privatisation de France Telecom ont pu être acquises par la CFDT, ce fut grâce à la
mobilisation des télécommunicants. Sans elle, il n’est pas sà »r que l’Etat aurait apporté des réponses.

La garantie du maintien du statut de fonctionnaire travaillant dans une SA, inscrite dans la loi, n’a pour autant pas empêché des suppressions massives d’emplois, dont les conséquences ont été, et sont, désastreuses sur la qualité de vie au travail de tous les agents :
productivité à outrance, blocage de toute mobilité choisie, évolutions professionnelles imposéesà¢â‚¬Â¦augmentant considérablement la
souffrance au travail du personnel. Pourtant, France Telecom est une entreprise à forte valeur ajoutée, où malgré ça, la variable d’ajustement
pour créer des dividendes toujours plus juteux pour les actionnaires est l’emploi et les prestations de service public (aujourd’hui quasi inexistantes).

Et La Poste ?

Or La Poste est une entreprise de main d’oeuvre dont les missions de service public sont capitales pour la cohésion sociale du pays ! La
CFDT considère qu’il est particulièrement risqué, dangereux, d’introduire en bourse La Poste, pour les postiers mais aussi pour l’avenir même de La Poste.

Les taux de rentabilité exigés entraîneraient l’entreprise dans une
schizophrénie totale : assurer des missions de service public dont le contour n’est pas défini, dont les coà »ts ne sont pas financés par l’Etat
donneur d’ordre, garantir un désendettement du Groupe (la dette est deux fois supérieure aux fonds propres, et cinq fois plus importante que la marge d’auto-financement), tout en assurant une rentabilité la plus forte possible aux actionnaires.

Une équation qui, pour être résolue dans une entreprise de main d’oeuvre, ne peut se faire que sur le dos du personnel, quelque soit son statut !
Et d’ailleurs, La Poste ne s’en prive pas dans ses filiales, notamment de distribution directe et du portage de presse (Mediapost, Mediapress,
Neopress).

Des exemples ?

 Mediapress : Les indemnités kilométriques de ces distributeurs
de presse ont été divisés par deux, sans autre forme de négociation.
Soit une partie importante de leur rémunération, à l’heure où le prix
du carburant flambe !
 Neopress : Cette filiale de Mediapost conduit une politique de
rachat d’entreprises du secteur du portage de presse. Dernière en
cours : le rachat de Presstissimo. Pour ce faire, la proposition faite
aux salariés de l’entreprise rachetée est d’accepter le transfert de
leur contrat de travail contre la perte de leur ancienneté et une
baisse de salaire de 300à¢â€šÂ¬ à 400à¢â€šÂ¬à¢â‚¬Â¦mensuelle ! S’il n’acceptent pas,
Neopress menace de mettre l’entreprise en liquidation judiciaire.
Est-ce cette stratégie sociale que nous voulons pour les postiers demain ? La CFDT dit NON !
 Ce que veut la CFDT : Maîtriser l’avenir de l’entreprise pour garantir l’avenir des postiers !

La CFDT a toujours, de tout temps, lié ces deux aspects. C’est pourquoi en 1990, face aux velléités de privatisation des PTT, la CFDT a revendiqué et soutenu la mise en place du statut actuel comme une
alternative d’avenir pour les postiers et La Poste.


C’est aussi pourquoi la CFDT axe ses revendications aujourd’hui sur quatre points majeurs.

 Une capacité de financement à la hauteur des nouveaux enjeux auxquels La Poste doit faire face. Les fonds propres seraient le talon d’achille de La Poste. Certes. Comment augmenter ceux-ci ? Question avec une réponse dans le projet de La Poste : changement de statut et dotation d’un capital, puis ouverture du capital en bourse, étapes obligées pour acquérir de la souplesse face à la concurrence, dixit M. Bailly. Comment expliquer alors qu’une partie des fonds propres en 2007 aient été utilisés pour éponger une (petite) partie de la dette, parce qu’il n’y avait plus de possibilités d’acquisition ? Regardons aussi, mais objectivement, ce qui se passe en Europe.

La plupart des opérateurs sont à capitaux 100% public. Les opérateurs qui se sont lancés dans des capitalisations boursières ont tous procédé de la même manière : saignée dans les effectifs, précarité comme norme et service public au rabais. La CFDT estime qu’il y a d’autres pistes à explorer !

 Des missions de service public clairement définies et financées
Quatre missions de service public ont été dévolues à La Poste par l’ Etat. Depuis 1990, il assigne à l’exploitant public au travers du contrat de plan, des missions qu’il n’a jamais financées à hauteur des coà »ts : c’est ce qu’on appelle les charges indues, qui se chiffrent à plusieurs centaines de millions d’euros. Depuis 2006 et la fameuse soulte pour décharger La Poste du poids des retraites de ses fonctionnaires, le gouvernement a ponctionné 2 milliards d’euros cash (endettant ainsi encore plus le groupe) plus 15% annuels sur les résultats de La Poste (ce qui a limité l’intéressement versé aux postiers).

 Un emploi de qualité et des garanties sociales de haut niveau pour tout le personnel
Des garanties statutaires et sociales fortes pour le postiers sont incontournables pour la CFDT, comme le maintien
de la politique d’un emploi statutaire et à temps complet.

 Le maintien de l’unité du groupe
La CFDT refuse toute idée d’un groupe éclaté en plusieurs filiales, chacune dotées d’un capital. Ce serait la programmation de la mort de La Poste à courte échéance, avec un maximum de conséquences sociales catastrophiques pour le personnel.

Doit-on faire confiance aux dirigeants du groupe pour apporter des réponses à ces revendications ? La CFDT dit NON !

On ne peut faire confiance qu’en notre capacité à se faire entendre. Il n’y a qu’à voir la façon dont ils gèrent les salariés dans les filialesà¢â‚¬Â¦

Doit-on faire confiance au gouvernement et à l’Etat ? Là encore, la CFDT dit NON !

Comment ne pas être outrés de la façon dont les fonds propres ont été spoliés d’année en année par l’Etat (contrats de plan, soulte des retraites), puis par la libéralisation du Livret A qui déstabilisera encore plus le Groupe, pour justifier une ouverture du capital pourà¢â‚¬Â¦obtenir des fonds propres ! « Pour tuer son chien, on dit qu’il a la rage » est une maxime bien connue de ce gouvernement. D’autant que le gouvernement Fillon, après le cadeau de 14 milliards d’euros du bouclier fiscal pour les 100 000 familles les plus riches de France, n’a plus rien dans les poches pour capitaliser le groupe La Poste.

L’heure est à la mobilisation des postiers !

Quelque soit votre avis, votre avenir est dans vos mains. Même si vous êtes pour une privatisation de La Poste, n’allez pas croire que votre sort et celui de vos collègues en sera amélioré sans créer le
rapport de force. Se mobiliser aujourd’hui, c’est créer les conditions pour être écoutés et entendus par les pouvoirs. Rien n’est perdu d’avance, sauf les batailles que l’on ne mène pas.

Et si vous ne pouvez pas faire grève pour des soucis financiers, vous pourrez, vous devrez participer à la manifestation organisée par l’intersyndicale CGT-SUD-CFDT-FO-CFTC d’Ile-de-France !