« Embauchéisme ! »

mercredi 20 septembre 2006
par  Christophe Dague
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La Poste nous a gratifié il y a quelques jours d’une note sur un nouveau projet national baptisé « Présentéisme ».
Le Directeur du Réseau Grand Public nous explique en substance qu’il y a trop d’arrêt maladie (10 jours par agent en 2005) et qu’il faut faire quelque chose... Sans rire ? On s’interroge quelque peu sur la remontée d’information dans notre entreprise : la CFDT alerte en effet depuis longtemps la Poste sur la dégradation des conditions de travail qui entraîne, de fait, des arrêts maladies. Dès 2003, nous avons édité les résultats de notre enquête (la Poste a su d’ailleurs s’en inspirer en Alsace...). Et dès 2003, l’emploi et les moyens de remplacement étaient pointés comme arrivant largement en tête des préoccupations des agents.

Suppression d’emploi = Augmentation du stress

C’est évident ! Etre en nombre suffisant permet de mieux servir le client, de fluidifier les files d’attente, d’éviter les conflits... A l’inverse, la diminution du nombre de guichet génère de l’attente, du mécontentement, des relations conflictuelles et donc du stress. Pire encore, nombre d’agents de petits bureaux n’ont plus la possibilité de prendre leur pause, faute de personnel. Exténué(e)s par leur journées, ils finissent pas craquer. On ajoute à ce tableau la suppression de l’encadrement, pourtant indispensable aussi bien pour les agents que pour les clients... Et tout cela, nous le dénonçons depuis des années. Et depuis des années, la Poste s’entête dans son raisonnement que son salut ne viendra que par la réduction de la masse salariale.

Résultats : Des centaines de millions d’euros de perte ...

La santé des agents importe peu à la Direction, on le sait depuis longtemps. Il suffit d’assister à un CHSCT pour s’en convaincre. Mais quand on parle gros sous, l’oreille se fait plus attentive. Des centaines de millions d’euros : c’est le coà »t des arrêts maladies à La Poste... Et ce n’est pas une vue de l’esprit syndical puisque ce chiffre émane de La Poste qui le traduit même en nombre d’emploi : 3000 à temps plein. Stupéfiant ! Mais au lieu de ré-injecter des emplois pour diminuer le stress, la Poste met en place des actions qui laissent perplexes : Visite médicale systématique (c’était pas le cas ? Il faudrait plutà´t se demander pourquoi les agents n’y vont pas...), multiplication des contrà´les (ah ben ça va aller mieux !), conseil aux chefs d’établissement rencontrant un important etc... Bref, la Poste sous-entend que les arrêts maladies sont imaginaires, et que le renforcement des contrà´les va régler en partie le problème. Il faudra bientà´t pisser le sang par les yeux pour être arrêter : c’est consternant. Pour quelques abus, nombre d’agents ne vont plus oser s’arrêter face à cette suspicion générale : c’est honteux !!!

Observatoire du Stress

La CFDT étudie les conditions de travail en bureau de poste depuis années. En témoignent les brochures TEQ (Travail en Question) qui mettent l’accent, entre autres, sur les causes du malaise au travail et les actions possibles (voir article ci-dessous). La Poste crée de son cà´té un observatoire du stress qui prête un peu à sourire : 10 pages de questions pour vérifier que le stress aux guichets est une réalité ! On va leur faire gagner du temps : Les bureaux de poste, quasiment tous en sous-effectif, sont remplis de gens stressés. Agacés de donner à la Poste sans rien recevoir en retour, ils ne vont pas subir éternellement les coups de semonce venus d’en haut. D’autant que même au niveau des cadres, c’est souvent l’incompréhension. Ils peinent (jusqu’à des hauts niveaux) à nous justifier la politique de la Poste, notamment en matière d’emploi.

C’est tout simple, il faut embaucher !!!

Dans toutes les actions de prévention à court ou à long terme prévue par la Poste pour réduire les arrêts maladies, il n’est jamais question du nombre d’agent en bureau. Et si l’on aborde cette question lors du prochain CHSCT départemental, il y a fort à parier que nous ferons face à des sourires ironiques, des changements de sujet habiles (ou pas). C’est en ce moment que se décide les suppressions pour 2007 : ON N’EN PEUT PLUS ! Plus questions de retirer des emplois quand il faut au contraire en ré-injecter. Le métier de guichetier est difficile... Une seule remarque déplacée d’un client suffit à gâcher la journée de travail, les bureaux sont mal équipés et il y fait chaud, les errements entre la banque postale et les centres financiers créent des situations conflictuelles insolubles etc etc... Alors pourquoi en rajouter ??? Un peu d’humanité, de responsabilité sociale, c’est trop demander ? Doit-on forcément blinder les journées des agents ? Ne peut-on pas tolérer qu’il souffle entre deux clients ? Est-ce vraiment que du temps perdu, ou n’est-ce pas plutà´t de meilleures dispositions pour recevoir le client d’après ? Réfléchissez, étudiez, enquêtez mais VITE, car si la maison ne brà »le pas encore, ces occupants sont bien carbonisés.